I'm sinking like a stone

Quatre jours après les évènements compliquées de cette nuit-là, Eli commence à tourner en rond chez Monsieur Amdahl. Elle apprécie sa présence, elle apprécie le fait qu’il soit toujours là pour elle. Eli ne pensait pas qu’elle aurait autant besoin de lui, il reste son repère et sa protection. Elle pourrait se reposer, prendre le temps de guérir mais… Eli est un électron libre. Malgré son état et malgré sa blessure au ventre, la jeune femme continue de fournir des efforts considérables pour maintenir la maison en état. Elle tente tout de même de rester en poste, loin du regard de Roman, son amant. Elle sait déjà qu’il pourrait lui interdire de travailler dans ses conditions mais Eli refuse de le laisser tomber, elle veut maintenir l’ordre. Et de toute manière, il n’y a que ça à faire ici. L’hématome bleutée sur son visage est loin de disparaître alors elle n’a pas envie de sortir pour affronter le regard peiné des personnes de son entourage. Sa mère n’est pas au courant, Caleb non plus d’ailleurs. Elle a perdu son autre téléphone, elle a pris un nouveau numéro mais elle ne sait pas s’il s’inquiète pour elle. Perdue dans ses pensées, Eli continue de soigner sa blessure devant le miroir de la salle de bain, elle a besoin de quelqu’un de confiance, quelqu’un essentiel dans sa vie. Pâris. Elle aurait très bien pu contacter Caleb mais elle a besoin de son cousin. Il est son pilier, son souffle de vie, son frère et son sang. Avec lui, Eli peut se sentir mieux, il faut qu’elle le contacte. Eli attrape son téléphone et lui envoie un message. Son cousin est toujours au taquet sur les SMS, il répond si vite. Eli lui demande de venir avant de reprendre une profonde inspiration, relevant les yeux sur le miroir. Il va la voir. Il va voir cette marque sur elle. Rien que d’y penser, sa gorge se noue et ses yeux se remplissent de larmes. Merde. Même si Pâris est sa plus grande force, il est aussi sa plus grande faiblesse. Il est bien le seul à la connaître autant, elle pourrait facilement craquer. Eli détache ses cheveux, afin de réduire un peu cet hématome sur son visage. Elle descend les marches et se dépêche d’atteindre la porte indiquée dans son message. Elle doit être rapide, elle ne veut pas qu’il croise Monsieur Amdahl. Eli ouvre la porte en voyant son cousin. Elle se dépêche, lui attrape la main et sort à son tour de la demeure pour l’attirer un peu à l’écart de l’entrée. Ils seront mieux à l’extérieur. Sous le porche menant au garage des voitures, Eli s’arrête et finit par se tourner vers Pâris, croisant inévitablement son regard. «  Je suis désolée, j’aurai dû te prévenir avant » Souffle Eli en baissant la tête, essayant de se faire toute petite. Elle sait qu’il va regarder son horrible visage mais elle ne connait pas sa réaction. Pas encore.  

Malgré ma journée intense en imprévu, je garde constamment mon téléphone dans ma poche en sonnerie en cas de besoin de la part de ma famille. Heureusement c'est bien un aspect qui ne dérange pas mon patron, tant que le travail est fait en temps et en heure. Depuis le temps, il sait qu'il peut compter sur moi. Le fait que ma tante ait travaillé si longtemps pour sa famille aide aussi beaucoup à avoir ce genre d'avantages. En parlant de ma tante, elle m'a aussi permis d'avoir des nouvelles de ma cousine qui semblait avoir perdu son ancien téléphone. Ce genre d'événement qui me font rapidement paniquer. Comme si cela ne suffisait pas, elle augmente mon rythme cardiaque, me faisant songer à un million de possibilités graves qui pourraient lui arriver avec son besoin urgent de me voir. Mes tâches étaient loin d'être terminées mais je courrais alors vers le bureau de mon patron pour lui demander une sortie exceptionnelle et que je reviendrais plus tard dans la journée pour finir, quitte à travailler de nuit si besoin. La famille avant tout. Heureusement pour moi encore une fois, ce dernier accepte. Sans plus attendre, je fonce en dehors de la demeure et grimpe dans ma voiture, mettant les gaz. Pour ne pas attirer l'attention, je me gare plus haut dans la rue du patron d'Eli. Je suis alors les indications qu'elle m'a donné et au moment de me demander si je devais l'appeler pour l'informer de mon arrivée, voilà que la porte s'ouvre sur elle. Tel un ouragan, elle m'attrape par la main et m'entraine du côté du garage. Lorsqu'elle se stoppe face à moi, mes yeux s'écarquillent. Elle s'excuse mais je l'entend à peine tellement je suis choqué de la voir dans cet état "Eli ! Bon sang, que s'est-il passé ?" Lui demandais-je en panique tout en me rapprochant d'elle pour venir prendre son visage entre mes mains et pour l'ausculter de plus près.

Eli devait revoir Pâris. Elle a besoin de lui, de sa présence et de sa bouille toujours inquiète pour elle. Elle sait qu’il risque d’être choqué en voyant son visage… Mais c’est elle qui veut le voir, elle espère simplement que le choc passera rapidement en lui. Eli ne tarde pas à le rejoindre, l’attrapant pour se mettre plus à l’écart du domaine. Elle s’arrête devant lui et s’excuse, encore, simplement parce qu’elle a gardé tout ça pour elle et qu’elle se retrouve dans cet état. Eli ne voulait pas inquiéter ses proches. Et au-delà de ça, elle n’a pas voulu se réfugier chez Pâris parce qu’elle n’avait pas besoin de ce genre de réaction au moment des faits. Monsieur Amdahl est resté impassible face à elle et ses blessures, c’est ce qu’elle voulait ce soir-là. Aucune émotion, aucune peur dans ses yeux, elle avait besoin d’un roc, pas d’une inquiétude, ni d’une panique incontrôlable. Eli ne voulait pas sombrer. Avec son patron, elle pouvait se relever et oublier rapidement ce drame traumatisant. Mais elle comprend, bien évidemment, la réaction de son cousin, surtout quand il vient poser ses mains sur son visage pour regarder de plus près sa blessure. Elle aurait pu réagir de la même manière si les situations avaient été inversées. Eli tente d’être rassurante et vient attraper ses poignets pour les caresser doucement. « Je vais bien. » Murmure Eli, gardant un sourire rassurant. Ses yeux ne quittent pas les siens, elle ne veut pas le lâcher pour être certaine qu’il l’écoute et qu’il ne se perde pas dans cette petite crise de panique. « C’était il y a quelques jours, une collègue a eu des problèmes avec un client, j’ai voulu l’aider. » Explique Eli sentant ses yeux s’embuer un peu. Merde, elle ne pensait pas être autant touchée, mais face à Pâris, face à l’amour immense qu’elle ressent pour lui, Eli se sent terriblement vulnérable et fragile. « Mais je vais bien. » Répète t-elle avant de le forcer à lâcher son visage pour qu’elle puisse enfin se réfugier dans ses bras. Tout ce qu’elle a besoin, c’est de sa présence, ou juste la chaleur de ses bras réconfortants. Elle semble toujours aussi fragile et elle a besoin de sa force.