when will those dark clouds all disappear ft. angie

Le soleil s'était couché il y a de nombreuses minutes à présent. Je n'avais plus qu'une heure pour tout finir dans mon temps imparti. Je pourrais très facilement faire des heures supplémentaires, mais cela voudrait dire que mon travail n'aurait pas été fait dans les temps et c'est quelque chose d'inconcevable pour moi. Même si certains déconvenues peuvent parfois montrer le bout de leur nez, c'est aussi mon travail de laisser place à une marge de manœuvre pour les imprévus. J'avais presque terminé toutes mes tâches, la demeure était parfaite lorsque j'entends un fracas énorme venant de l'étage. Impossible de savoir si c'était un objet très lourd ou une personne. Sans me poser davantage de questions, j'emprunte les escaliers quatre à quatre et me retrouve face à ce couloir vide, incapable de savoir d'où avait pu provenir ce bruit intense. Je frappe alors à la première porte de chambre mais aucune réponse. Je fais la même pour chaque porte fermée et vérifie chaque pièce de l'étage, mais rien ne semblait avoir bougé. Tout ce qui ne me rassure guère. Je n'avais plus qu'une seule option, finir ce que j'avais commencé et rentrer chez moi. Mais mon intuition m'empêchait de me dépêcher. Quelque chose n'allait pas. Dans le silence absolu, de légers bruits attirèrent alors mon attention, et je m'avançais vers la chambre de l'une des filles du patron. Je frappe alors à sa porte tout en demandant "Est-ce que tout va bien ? Vous avez besoin de mon aide ?" Certainement trop prévenant mais c'est aussi pour cela que Mr Von Hohenberg m'embauche. D'autant plus si l'une de ses filles a besoin d'aide. Ou son fils.

Angie était rentrée tôt de son cours de littérature. Normalement, elle finit toujours très tard et rentre en début de soirée mais ce n’était pas le cas ce jour-là, son professeur avait annulé le dernier cours, elle allait pouvoir se reposer un peu. Il faut dire que depuis qu’elle a publié son livre, elle n’arrête pas de répondre à son agent, de proposer de nouvelles idées et de commencer le tome 2. La fatigue se fait ressentir mais elle ne lâche rien. Seulement, Angie est nerveuse. Elle craint la page blanche. C’est pourtant simple, sa source d’inspiration se trouve souvent chez elle, elle doit simplement se laisser aller à l’écriture en pensant à lui, à ce Pâris qui hante toujours ses rêves les plus fous. Ecrire lui permet d’oublier et de poser cette frustration qu’elle a toujours vis-à-vis de lui. Evidemment, elle n’en parle pas, elle se trouve bien trop ridicule avec ses sentiments amoureux. A cette heure, Angie sait qu’il est toujours dans sa maison et qu’il doit terminer son service. Alors, elle s’était réfugiée rapidement dans sa chambre pour ne pas le croiser et se poser tranquillement dans son lit. A peine rentrée, elle retire son jean et sa chemise pour se remettre à l’aise et enfiler un legging, un t-shirt et un sweat bien trop grand pour elle. Angie s’en fiche, elle compte bien rester dans sa chambre. D’ailleurs, pour toujours éviter Pâris, elle avait effectué un ravitaillement dans le tiroir de sa table de chevet : tartine, biscuits, boissons et surtout chocolats… ! Angie avait de quoi tenir.. au moins, jusqu’au départ de son majordome.  La jeune femme avait même préparé son infusion favorite dans cette théière, offerte par sa grand-mère paternelle. Elle l’adorait tellement qu’elle refusait de la mettre à disposition de la famille. Elle lui appartenait et pour rien au monde, elle ne voudrait partager ce présent. Elle y tient un peu trop. Assise sur son lit, le dos contre le mur et les jambes bien étendues, Angie attrape son ordinateur pour commencer à écrire, la musique dans ses écouteurs sans fil. Dans sa bulle, elle essaie d’écrire mais rien ne sort… Frustrée, elle abandonne et préfère regarder Netflix, tout en se servant son infusion. Cette série, « Un jour », elle ne s’en lasse pas, bien qu’il lui reste deux épisodes... ! L’enfer. Angie est subjuguée par l’épisode et ne remarque pas qu’elle avait laissé son service à thé sur son lit… L’épisode défile et des larmes envahissent ses yeux, bien trop touchée par ce qui se passe entre les deux protagonistes. Angie pleure, elle n’arrive pas à s’arrêter. Elle ne voit plus rien et décide d’attraper un mouchoir pour essuyer ses yeux rougis et son nez qui coule… ! Mais en se penchant, elle renverse tout son service à thé, qui s’éclate sur le sol de sa chambre. Il y en a partout et sa théière est dans un sal état. Angie est tellement sous le choc qu’elle continue de pleurer en voyant le désastre devant elle. Son tapis de chambre est complètement imbibé d’infusion, sans compter les morceaux de sa tasse et de sa théière. Angie met quelques secondes à réagir et finit par se lever pour poser son ordinateur sur son bureau et sécher ses larmes, qui n’arrêtent pas de couler encore. Mais alors qu’elle allait s’abaisser par terre pour tout ramasser, Angie sursaute en entendant la voix de Pâris. Elle est tellement surprise qu’elle plaque sa main sur sa bouche, comme s’il pouvait entendre sa respiration derrière la porte. Elle se dit qu’elle peut rester là, silencieuse, il va finir par partir. Mais alors qu’elle restait en apnée sans bouger derrière la porte, son portable décide de sonner, lui indiquant l’appel de son agent. Mince, ce n’est pas le moment, sauf qu’elle est obligée de répondre. « Bonjour ? » Ange renifle « Oui je fais ça tout de suite, d’accord ça marche. » Sa voix tremble mais ce n’est pas à cause de son agent, c’est toujours à cause de cette série et de la présence de Pâris aussi, derrière cette porte. Angie raccroche et reprend une profonde inspiration, elle essuie ses yeux et ouvre enfin la porte. « Pâris ? Quelle surprise… ! » Sourire forcé, regard fuyant, Angie a l’impression qu’elle va faire une attaque. « Vous pouvez…. » Toujours le même problème quand elle s’adresse à lui. « Disposer. » Disposer ? Mon dieu mais quelle horreur de lui dire une chose pareille. Angie baisse la tête, l’air complètement confuse avant de s’échapper vers le couloir pour descendre rapidement les escaliers. Elle n’a pas besoin de son aide, elle est partie réparer ses bêtises. Arrivée dans la buanderie, elle cherche le balai et une serpillière. Mais elle ne trouve pas et finit par grimper sur une échelle pour attraper au moins une bassine. Son cœur bat la chamade alors que sa tête prie pour que Pâris soit parti…

Inquiet qu'il ne soit arrivé quelque chose à la jeune Von Hohenberg, je me permets de frapper à sa porte pour savoir si tout allait bien. J'ose espérer que mon anxiété me joue encore des tours et que je puisse partir d'ici et rentrer chez moi. Avide d'avoir une réponse, je commence à stresser à l'idée qu'elle ait eu un malaise. Mais finalement, c'est les yeux bouffis qu'elle vient m'ouvrir la porte. Mon air inquiet me fait froncer les sourcils davantage. Quelque chose ne va pas, c'est évident. Mais avant que je ne puisse m'en inquiéter davantage, elle m'informe que je pouvais disposer. Une bien étrange manière de me congédier, mais soit "Bien, mademoiselle." Je faisais alors un pas en arrière, la regardant malgré moi de la tête au pied pour garder le regard baissé. Mais au lieu de la voir fermer sa porte de chambre, voilà qu'elle disparait dans le couloir. Confus, je reste un moment à l'observer s'enfuir ainsi. Elle a toujours eu un comportement étrange en ma présence, alors qu'elle semblait si différente en présence de ses soeurs ou de son frère. Je n'ai jamais cherché à la questionner, elle a sûrement ses raisons qui lui sont propres. Mais mon regard s'aventure dans sa chambre et j'y vois là un désastre qui me fit écarquiller les yeux. Le bruit de porcelaine, comment n'y ai-je pas pensé ! Sans penser à ce qu'elle pourrait penser Angie, je m'aventure dans sa chambre et récupère les morceaux de son service à thé qui s'étaient éparpillés dans sa chambre. Je les entrepose sur son bureau avant de partir récupérer le matériel de nettoyage. Sauf qu'en arrivant dans le local, je la vois perchée sur une échelle "Que faites-vous ?" Lui demandais-je complètement surpris, avant de me rendre compte que je n'ai pas été assez cordial avec elle "Mademoiselle ?" Rajoutais-je alors, terriblement intrigué, surpris aussi qu'elle connaisse cet endroit "Ce n'est pas un endroit pour vous ..." Lui expliquais-je pour lui faire comprendre qu'elle était la cliente et qu'elle n'avait pas besoin de s'aventurer ici.

Mais quel enfer… ! Se retrouver face à l’homme qui fait battre son cœur avec des yeux complètements rouges et des larmes sur les joues, est vraiment la pire des situations pour Angie. Elle n’arrive même pas à aligner plusieurs mots sans s’arrêter, elle se trouve si nulle face à lui, c’est terrible. Heureusement, elle trouve une parade et lui demande de disposer. Elle part vers le couloir pour atteindre cette petite pièce consacrée entièrement au ménage. Son majordome ne le sait pas mais Angie s’occupe seule de nettoyer sa chambre, refusant qu’il y entre et qu’il « s’occupe » d’elle. Angie souhaite l’éviter au maximum alors elle a décidé de se débrouiller toute seule. C’est simple, elle regarde des tutos ménage sur internet. Même si on lui a jamais appris à le faire, elle fait vraiment au mieux. Mais voilà, il semblerait qu’il ait eu la même idée puisqu’il débarque lui aussi dans le local. Angie sursaute, surprise de l’entendre, avant de s’agripper in extremis à l’échelle. « Oh wow, vous m’avez fait peur ! » Rétorque Angie en secouant la tête pour se ressaisir. Pâris… Cet homme lui fait tourner la tête dans tous les sens et c’est encore pire quand il vient s’adresser à elle. Angie relève la tête pour chercher ce qu’il faut au-dessus d’elle. Elle a bien entendu ses paroles et se permet d’ajouter : « Aux dernières nouvelles, c’est toujours ma maison non ? » Demande la jeune femme en sentant un léger sourire amusé se dessiner sur ses lèvres. Elle a le droit d’aller où elle veut, elle est chez elle. Angie se surprend elle-même de lui répondre ainsi et sent automatiquement ses joues prendre de la couleur. Mince, pas de familiarité avec lui, il vaut mieux garder une certaine distance. Pourtant, elle rêverait qu'il l'appelle par son prénom... Angie soupire en remarquant qu’elle n’arrive pas à voir le dernier étage du meuble, toujours à la recherche d’un ramasse bourrier. « Mais pourquoi c’est si haut… » Murmure Angie pour elle-même et en se mettant sur la pointe des pieds sur l’échelle. Clairement, elle risque de tomber, mais elle préfère se blesser que de s’adresser une nouvelle fois à lui ou de lui demander un service. Non, non, elle se débrouille, même si elle ne connaît pas l’emplacement de tous les objets de ce local. Il suffit simplement de regarder.

Surpris de voir l'une de mes clientes dans ce local ménage que je connais comme ma poche, je lui indique forcément qu'elle n'a aucun besoin de se rendre jusqu'ici. Mais apparemment, mes paroles ont été un peu déplacées, mal interprétées. Après l'avoir effrayée, elle semblait se braquer, comme si je n'étais qu'un parasite. Elle qui était si réservée, à ne m'adresser la parole que par de simples mots en cas d'extrême urgence, j'ai toujours eu du mal à cerner la demoiselle. J'ai tout de même du mal à penser qu'elle pourrait être toujours aussi vindicative. Sûrement est-ce d'avoir été si maladroite avec son service à thé "Evidemment, veuillez m'excuser. C'est mon travail de nettoyer votre maison ..." Je m'arrêtais avant de dire autre chose de peur qu'elle se braque de nouveau. Impossible de savoir comment elle allait de nouveau réagir, et perchée là-haut, je préfère éviter de la contrarier au risque qu'elle ne chute. Je décide d'aller dans son sens même si je ferais tout pour qu'elle ne fasse pas mon travail à ma place. Après tout, elle tient toujours à nettoyer sa propre chambre et c'est la première fois que j'y pénètre. La jolie brune se mit alors à pester, à ne pas réussir à atteindre ce qu'elle était venue chercher et de peur qu'elle tombe réellement et qu'elle se fasse mal, je me permets de lui proposer "Vous cherchez quoi au juste ? Je peux vous aider." Il est toujours étrange de vouvoyer une personne plus jeune que soit, mais elle a la chance d'être née dans la bonne famille et d'avoir eu une maman si extraordinaire, qui elle, a su s'occuper de tous ses enfants. Il est évident qu'avec de l'argent, tout est possible, mais malgré cette vérité, jamais je ne pourrais pardonner à la mienne de nous avoir abandonnés.

Pâris est toujours bloqué dans son rôle d’employé, il ne relève pas la « taquinerie » dissimulée d’Angie. En entendant ses excuses, Angie réalise qu’elle s’est aussi foirée. Mon dieu, comme elle aimerait se mordre la langue pour arrêter de dire des bêtises de la sorte. Le code de communication n’est clairement pas le bon, ils sont bloqués par cette barrière invisible. Elle reste la fille de son employeur et donc sa cliente également. Angie ne le regarde pas et finit par lui dire : « Ne vous excusez pas… » Murmure t-elle sans poser une seule fois son regard sur lui, c’est plus simple parce qu’elle n’a pas l’impression de s’adresser à lui de cette manière. « Vous n’êtes pas obligé d’être à mon service. » Voilà c’est dit et c’est plus facile sans se perdre dans son regard. Pourtant son cœur tambourine toujours aussi fort dans sa poitrine, elle doit s’écarter de lui au plus vite, il risque de le remarquer à cause de sa respiration qui suit les battements trop importants de son cœur. Elle se dresse sur la pointe des pieds, sur cette échelle inconfortable à la recherche d’outils ménagers, histoire de nettoyer sa bêtise. « Bassine, éponge, balai… » Marmonne Angie avant d’attraper enfin la bassine. Perdant un peu l’équilibre, elle décide de quitter l’échelle pour retrouver la terre ferme. Sauf qu’en arrivant au sol, elle remarque que Pâris prend toute la place ou alors que la pièce est trop petite mais Angie se retrouve bien trop proche de lui. Alors pour se protéger, elle place la bassine devant elle, comme un barrage. Il bloque la sortie, elle ne peut pas bouger, bloquée entre le mur et lui. « Est-ce que je… » Mince, voilà, elle ne sait plus quoi dire. Plongeant son regard dans le sien, Angie reprend : « Est-ce que je peux partir ? » C’est la première fois qu’elle maintient son regard, la première fois qu’elle se retrouve dans une petite pièce avec lui. Et, tout ça…. Ca lui donne chaud. Non vraiment, elle doit s’en écarter. Les yeux toujours un peu rougis, elle se demande bien ce qu’il doit penser d’elle. Non, finalement, elle ne veut pas savoir, c’est mieux ainsi. Par moment, elle préfère être ignorée, de peur d'être trop déçue par ses pensées la concernant... Cette histoire de romance n'est possible que dans son livre.

Le temps semblait s'être autant stoppé qu'allongé. J'en oublie complètement l'heure et m'inquiète davantage sur ce que peut fabriquer la fille de mon patron. Cette fille même qui ne souhaite pas que j'entretienne sa chambre comme je le fais avec le reste de la maison. Elle a même tendance à ne jamais me réclamer un service alors que le reste de la famille ne se gêne pas, même si c'est toujours fait avec respect, comparativement à mon ancien travail. Un changement massif mais tellement plus sain. Au point que je ne compte même plus mes heures de travail. J'aurais dû être auprès de mon père, à regarder un match avec lui, ou bien même un film avec un bonne bière. Non, je me retrouve dans ce cagibi à essayer de convaincre la jeune brune de l'aider. C'était peine perdue. Même si elle se radoucit rapidement. Finalement, c'est l'accident avec sa porcelaine qui l'avait rendu risible. Ce qui est parfaitement compréhensible "Je ne suis pas obligé non, j'ai d'ailleurs terminé ma journée à vrai dire." Rajoutais-je à regardant ma montre, perdu dans mes pensées. Au point que je n'avais pas vu la jeune femme récupérer le matériel de nettoyage avant de redescendre. L'endroit est bien exiguë, au point que deux personnes ensemble dans cet endroit, n'ont pas beaucoup de bulle d'intimité. Un fait que je n'avais jamais observé jusqu'alors. Ce que je n'avais jamais pu prendre le temps d'observer également, ce sont ses yeux. Ses grands yeux bleus dans lesquels j'ose me perdre malgré moi le temps de quelques secondes. Le temps qu'elle parvienne à me demander de sortir "Mince oui pardon !" M'affairais-je à lui répondre tout en reculant hâtivement, me prenant le chambranle de la porte au passage. Je restais là, le dos légèrement heurté, pour la laisser passer. J'hésite un instant avant de la suivre jusqu'à sa chambre "Pourquoi ne voulez-vous pas de mon aide ?" J'observe alors sa chambre depuis la porte, la regardant faire avant que mon regard ne se pose sur sa porcelaine "J'ai ce qu'il faut pour réparer votre service à thé." Parce que je doute qu'elle ait de la colle forte pour vaisselle dans sa chambre. Même s'il ne faut jurer de rien.

Angie arrive à lui dire qu’il n’a pas besoin d’être à son service, elle n’est que la fille de son employeur. Et franchement, vu la relation qu’elle entretient avec son père, elle préfère ne pas bénéficier de ses services. Elle entend bien les paroles de Pâris et se retient de lui dire qu’elle connait bien ses horaires ici, elle connait son emploi du temps par cœur. Mais il vaut mieux se taire, au risque de passer pour une folle. Continuant dans son objectif premier, elle prend ce qu’il lui faut et descend de son échelle. Seulement, elle est bloquée par la présence de Pâris. Ce cagibi est bien trop petit pour eux. Elle bloque la bassine contre elle, histoire de maintenir une distance et lui demande si elle peut sortir. Elle s’est perdue deux secondes dans son regard et pourtant, elle a l’impression que le temps s’est allongé un peu plus. Elle sourit poliment, gênée quand il s’écarte subitement d’elle et qu’il se prend maladroitement la porte. Angie se mord la joue pour ne pas sortir de nouvelles paroles. Elle s’inquiète qu’il se soit fait mal… Mais elle préfère ne rien dire et continue sa route. Elle repousse chaque moment supplémentaire avec lui, elle a bien trop peur de faire une boulette ou d’être encore plus ridicule à ses yeux. Bref, elle doit nettoyer ses bêtises. Pâris continue de la suivre et s’arrête devant sa porte alors qu’elle se penche pour récupérer les petits morceaux. Les plus gros étaient déjà sur son bureau. Comment est-ce possible ? Angie entend son soi-disant employé et finit par répondre : « Je croyais que votre journée était terminée. » Elle fronce un instant les sourcils et reprend : « C’est vous qui avez déposé les morceaux ici ? » Angie s’arrête et repose son regard sur lui, elle est surprise mais ne lui en veut pas. Sauf que son regard s’attarde soudainement sur sa chambre. Une chaussette par-là, un soutien-gorge ici, une tasse par-là, du chocolat, une seule paire de chaussure, des médicaments pour s’endormir plus facilement, des vitamines aussi… Bref, Angie n’a absolument pas pris le temps de tout ranger aujourd’hui, bien trop perturbée par ce qu’elle doit rendre à son éditeur. Et puis son regard s’arrête sur son ordinateur, une simple page blanche mais cela lui suffit pour foncer directement sur Pâris, plaquant ses mains sur son torse. « Ok très bien, allez me chercher de la colle. » Dit-elle en le poussant doucement et en l'entrainant le plus loin possible de sa chambre. Ses mains, qui viennent de le toucher pour la première fois, se retirent d’un coup. « Pardon. Je.... » Fuck, pourquoi a-t-elle fait ça ? « Je vous attends » Reprend Angie en reculant pour atteindre sa chambre et refermer enfin la porte. Dès que c’est fait, elle se dépêche de tout ranger comme une fusée. Elle ferme son ordinateur, range ses vêtements et remet tout en place. Une fois que c’est fait, elle rouvre la porte, reprenant une profonde inspiration. Ok c’est bon, la catastrophe est peut-être évitée. La seule chose qu’elle a laissé, c’est la pile de roman sur son bureau. Un même livre, en 4 fois. Il faut bien qu'elle prépare des dédicaces...

Oui ma journée était terminée, mais ma question ne s'avisait pas pour ce soir seulement non, elle concernait toutes ces fois où elle a refusé mes services de ménages. Sa chambre, c'est la première fois que j'ai pu y mettre les pieds. La preuve en est, c'est un réel bazar. Mais je peux la comprendre. Moi-même je n'ai jamais laissé personne s'occuper de nettoyer ma chambre. Faut dire que ma mère a bien trop vite quitté le cocon familiale et que mon père est loin d'être l'as du ménage. La question d'Angie me sort alors de mes réflexions passagères "Oui. Navré si je n'aurais pas dû." Lui répondais-je avec un professionnalisme toujours au poil. Rapidement, je lui propose mon aide ou plutôt de lui donner de la colle adaptée. Elle semble toujours désarçonnée et ne sais réellement pas sur quel pied danser avec elle. J'aurais vraiment mieux fait de rentrer chez moi. Parce que ma confusion est totale quand elle pose soudainement ses mains sur mon torse pour me forcer à m'éloigner de sa chambre alors que je n'y avais posé qu'un seul pied "Vous avez des choses à cacher ?" Lui demandais-je amusé, me surprenant moi-même d'être si familier tout à coup. Mais sa porte de chambre se referma rapidement et quelque chose me disait que c'était bel et bien le cas. Soupirant légèrement, je me décide à aller dans le plus grand local où sont stockés tous les ustensiles et fournitures indispensables à la tenue de la demeure. Quelques minutes plus tard, j'étais de retour devant la porte de chambre de la demoiselle. Frappant à la porte, j'attends qu'elle m'ouvre pour brandir la colle forte, espérant que tous les morceaux pourront être recollés en peu de temps. Même s'il est vrai que cette bonne action m'enchante davantage qu'une soirée supplémentaire et habituelle avec le paternel.

Angie n’a pas envie de rester trop longtemps dans la même pièce avec lui. Ce n’est pas désagréable, au contraire, mais cette situation la perturbe beaucoup trop. Elle trace alors son chemin pour se rendre directement dans sa chambre. Elle est surprise en voyant les petits morceaux de sa théière sur son bureau. Angie n’a rien touché depuis que son objet favori a touché le sol, quelqu’un a donc fait le nécessaire pour rassembler les dégâts.  Et si ce n’est pas Pâris, cela peut être une autre personne. Mais non, c’est bien lui. Angie ne dit rien mais elle réalise qu’il venait d’entrer pour la première fois dans sa chambre. En regardant autour d’elle, elle remarque ce désordre apparent, il faut qu’elle réagisse. Angie le pousse, esquissant un léger sourire amusé à sa question. Mais elle ne répond pas tout de suite, elle a une affaire plus urgente à régler. Elle range tout et ferme rapidement son ordinateur. Le jeune homme frappe de nouveau à la porte mais elle prend le temps de remettre en place ses cheveux derrière ses oreilles avant de jeter un œil à sa tenue. Elle grimace mais elle ne compte pas se changer, elle va passer pour une folle. Elle rouvre la porte et finit par lui répondre : « C’est bon, j’ai eu le temps de cacher le corps » Annonce Angie avec un début de sourire amusé. Peut-être que ses sentiments amoureux pour lui ne seront jamais réciproques… Peut-être qu’il ne la remarquera jamais, peut-être que si, peut-être que non.... Bref, quoi qu’il en soit elle peut apaiser cette relation étrange. Elle est bien trop nerveuse avec lui et ce soir, il ne semble pas vouloir lâcher l’affaire alors autant apaiser l’atmosphère et la rendre moins stressante. Et puis, on ne va pas se mentir, un peu d’humour permet de détourner un peu son attention. Oui, elle cache bien quelque chose… Angie s’abaisse vers le sol pour récupérer d’autres petits bouts avant de se relever et se positionner devant lui. Posant, ou plutôt, braquant ses yeux bleus sur lui, elle lui demande : « Je tiens énormément à cette théière. Si vous parvenez à la réparer, je ferai…. » Angie s’arrête et lui tend les morceaux : « … ce que vous voulez. » Qu’importe, elle n’a pas peur, Pâris a un fond adorable et gentil, elle ne risque pas grand-chose avec lui. Et puis, c’est peut-être l’occasion de nouer quelque chose entre eux. Ca y est, elle se fait des films. C’est si facile de s’en faire, surtout quand elle se perd dans son regard. Il est si… « Parfait. » Ce mot venait de sortir de sa bouche sans aucune autorisation de sa tête !! Ses joues virent au rose avant de s’éclipser très rapidement vers sa tâche, pourvu qu’il ne relève rien…  Elle s’agenouille de nouveau et nettoie ses bêtises grâce au balai, puis avec une éponge pour tenter de sauver son tapis. L’important restait la réparation de sa théière, le reste, ce n’est pas si grave. Angie passe son avant-bras sur son front, même si elle sait nettoyer, elle n’a pas beaucoup d’endurance, ce travail la fatigue déjà. Quelle dure vie de labeur pour une princesse… !